samedi 26 septembre 2015

Ivre, il décide de levurer.

Chez Jean Pierre Roupulard, on est vigneron de génération en génération. 300 ans que ça dure "et que c'est pas prêt de s'arrêter, le mouflet a fait les écoles". Jean Pierre compte en effet sur son fils Mickaël pour reprendre l'exploitation situé à Preyssac du côté de Cahors.

Un dimanche à s'embêter

Au domaine des Gravalous, ce dimanche était calme. Jean Pierre attendait tranquillement que les malbecs arrivent à maturité, une sorte de calme avant la tempête. Les vendanges seraient pour demain matin 5h. Après sa sieste jean Pierre décida de parcourir le web comme il en a l'habitude, lire ça et là des informations sur les vendanges des autres régions, voir des images , lire des articles écrit par des "gens du vin qui s'y connaissent". Jean Pierre découvre alors des publications scientifiques et des débats sur un phénomène dont on ne lui avait jamais parlé, le levurage. Renseignements pris, il découvre que les vins dans lesquels on rajoute des levures "sont plus nets, sécurisent le parcours fermentaire et peuvent révéler des arômes fruités bien plus intenses". Jean Pierre n'en croit pas ses yeux, il est clairement rétrograde et comprend alors "pourquoi il n'a jamais de médaille dans les concours à vin".


Des sources documentaires de très haut niveau.

Nos reporters poussent l'enquête à demander à Jean Pierre quelles sources documentaires lui ont ouvert les yeux sur l'archaïsme de ses méthodes. " j'ai lu beaucoup d'articles d'oenologues spécialistes qui disent que c'est quand même de très grands travaux de recherches et qu'il faut faire confiance à la science parce qu'ils ont trouvé des levures qui font des vins vraiment meilleurs. En plus, le vin se fait bien plus vite apparemment et on peut avoir fini plus tôt, je pourrais aller un peu plus à la chasse au lieu d'attendre Novembre à chauffer les cuves." A notre question renouvelée sur les sources documentaires, Jean Pierre imprime un texte "d'un oenologue bordelais, c'est pour dire , le gars il sait de quoi il cause", nommé André Fuster. "J'ai pas tout compris il parle de marmotte et de levure mais en tout cas le gars ça se voit qu'il sait".

Un apéro trop arrosé

Le dimanche soir, Jean Pierre reçoit un coup de fil. Preyssac a gagné contre Duravel, un village voisin qui "il faut le dire, ils savent pas jouer au rugby". Ni une ni deux, Jean Pierre part au café des sports fêter la victoire de l'équipe de son fils. Les verres défilent, il ne mange pas. C'est là que le drame se produit. Vers 4h du matin, Jean Pierre débat de tout et de rien avec Julien, un jeune vigneron sur le causse au dessus. Il réalise que la machine a vendanger sera là dans une heure, repense à ses lectures, se dit qu'il voudrait bien des médailles et des photos dans les magazines "comme les jeunes" et craque: Il appelle le centre oenologique de Cahors, part en 4eme vitesse chercher "des levures et tout ce qui va avec que je leur ai demandé, et j'ai tout mis dans la benne pour que ça se mélange bien".

Aujourd'hui les cuves de Jean Pierre ont fini de fermenter en 4 jours, mais notre vigneron regrette. "J'ai peut être fait une connerie, maintenant ils m'ont envoyé la douloureuse et y'en a pour 1500 euros avec tous ces produits". Toutefois, le propriétaire du domaine de Gravalous " compte bien avoir une médaille et un article dans un journal spécialisé".

Un apéro qui nous l'espérons ne sera pas ...vain!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire